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Appel à renforcer l’engagement pour les droits fondamentaux des populations d’ascendance africaine et à redoubler d’efforts pour combattre le racisme et la discrimination
22 Sep 2020
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22 Sep 2020
SANTIAGO, Chili – À l’occasion d’un dialogue virtuel organisé dans le cadre de la Conférence régionale sur la population et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes, des experts de la région ont appelé aujourd’hui à renforcer l’engagement en faveur des droits fondamentaux des populations d’ascendance africaine et à redoubler d’efforts dans la lutte contre le racisme et la discrimination.
Intitulé « Les effets de COVID-19, une occasion de réaffirmer la réalisation des droits fondamentaux des populations d’ascendance africaine dans le cadre du développement durable », l’événement a été inauguré par Alicia Bárcena, Secrétaire Exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Harold Robinson, Directeur du Bureau régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), et Gerardo Zavaleta, Vice-Ministre des Populations vulnérables du Pérou, représentant de la présidence de la
Conférence régionale sur la population et le développement. Epsy Campbell Barr, Vice-Présidente du Costa Rica, a participé à la table ronde aux côtés d’autorités gouvernementales, et de représentants universitaires et de la société civile.
Pendant son intervention, Mme Bárcena a insisté sur l’urgence de mettre les droits fondamentaux des personnes d’ascendance africaine au cœur des politiques publiques des pays de la région. Elle a également appelé à voir la pandémie comme une possibilité de changer de paradigme et d’établir durablement les bases nécessaires pour mettre en œuvre dans la région un modèle de développement durable et inclusif, sans racisme ni discrimination.
Elle a ajouté que la population latino-américaine compte à ce jour près de 134 millions de personnes d’ascendance africaine, qui représentent 21 % de la population totale.
« Ces communautés accusent pourtant des retards marqués dans la plupart des indicateurs socioéconomiques. Elles subissent encore, avec les peuples autochtones, la pauvreté la plus persistante du sous-continent, héritée d’une longue histoire d’assujettissement endémique et structurel, de marginalisation, de discrimination et de racisme », explique-t-elle.
La secrétaire exécutive de la CEPALC a rappelé que l’arrivée de populations d’ascendance africaine sur le continent remonte à plus de cinq siècles, et que les conséquences terribles de l’esclavage, qui a permis d’enrichir les élites coloniales, n’ont pas été réparées par l’abolition ni par les États-nations. Au contraire, elles ont été consolidées, plaçant ainsi les personnes d’ascendance africaine dans une position de subordination et de désavantage dans les sphères politiques, économiques et sociales.
Mme Bárcena a indiqué que même si les pays d’Amérique latine n’ont pas instauré de politique de ségrégation raciale comme aux États-Unis, « l’idéologie du métissage imposée lors de la première moitié du siècle dernier a simplement effacé le concept d’ascendance africaine dans plusieurs pays de la région. Cette démarche s’est attachée à renier la contribution des cultures noires au développement de nos nations en empêchant les personnes d’ascendance africaine d’exprimer la fierté de leur héritage dans nos sociétés. C’est de cette façon que les inégalités raciales et le racisme séculaire ont été occultés et perpétrés, pour devenir létaux aujourd’hui dans le contexte de la pandémie. »
Elle a souligné que les personnes d’ascendance africaine ont résisté et lutté sans discontinuer et sont parvenues à intégrer leurs revendications de longue date dans les Agendas internationaux, régionaux et nationaux, en particulier au cours du XXIe siècle. Elle a également mis en avant les progrès réalisés dans la mise en place de lois et de politiques permettant aux personnes d’ascendance africaine d’obtenir, après de nombreuses années, réparation dans les pays de la région.
Enfin, Mme Bárcena a appelé à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Consensus de Montevideo sur la population et le développement, un instrument régional qui regroupe les engagements qui sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et ce tout en s’assurant de ne laisser personne de côté.
Par ailleurs, M. Robinson a signalé un manque important de données réparties par origine ethnique dans la plupart des pays. Il est par conséquent difficile de connaître avec précision les répercussions de la pandémie sur la population d’ascendance africaine.
« Par exemple, au Brésil, le dernier bulletin épidémiologique indiquait que 38,2 % des contaminations par la COVID-19 touchaient la population afro-brésilienne, contre 33,4 % pour la population blanche », explique-t-il.
Il a également souligné l’importance de mettre en place une véritable coordination entre les États, le système des Nations Unies et la société civile dans le cadre des cinq premières années de la Décennie Internationale des personnes d’ascendance africaine. Cette collaboration permettrait de faire le bilan des actions initiées à ce jour et d’adapter les stratégies mises en œuvre pour accélérer la lutte contre le racisme et la discrimination sur la base de l’origine ethnique et défendre les droits des personnes d’ascendance africaine.
« Dans le but d’accélérer cette avancée et dans le cadre de notre stratégie régionale visant à ne laisser personne de côté, l’UNFPA s’engage à déployer tous ses efforts et toutes ses ressources humaines et financières pour travailler à vos côtés », a déclaré M. Robinson.
Le Vice-Ministre des Populations vulnérables du Pérou, Gerardo Zavaleta, a quant à lui souligné la nécessité pour les pouvoirs publics de la région de tout mettre en œuvre pour s’assurer que les populations d’ascendance africaine aient accès, sur un pied d’égalité, à de bonnes conditions de logement, à des services élémentaires tels que l’eau, l’électricité et l’assainissement, aux nouvelles technologies, à la santé, à l’éducation et à un emploi décent.
De même, il a affirmé que les engagements du Consensus de Montevideo et les autres instruments internationaux devaient impérativement être renforcés dans la région, en particulier dans le contexte de crise sanitaire.
« Outre la défense de l’égalité et de l’inclusion sociale des personnes d’ascendance africaine, nos actions doivent résolument s’engager à combattre le racisme et la xénophobie », a-t-il conclu.
La rencontre, qui a eu lieu aujourd’hui, est la deuxième d’une série de dialogues virtuels. Leur but est d’analyser le contexte socio démographique des pays de la région dans le cadre de la crise liée à la pandémie de COVID-19 et ses potentielles répercussions à court, moyen et long terme sur les populations les plus vulnérables. Cette démarche s’inscrit dans la droite ligne des mesures prioritaires du Consensus de Montevideo sur la population et le développement et des objectifs et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.