Alors qu’elle se réveille aux sons de la forêt tropicale, Gaby Huite Tseje, une femme autochtone Awajún, est heureuse d’être de retour chez elle à Mamayaque, une ville isolée de la région amazonienne du Pérou.
Gaby a passé presque 10 ans à Lima et dans d’autres villes à travailler en tant que coiffeuse après avoir achevé sa formation. Elle a aimé développer ses compétences, mais a rencontré de nombreuses difficultés et a notamment été victime de stigmatisation et de discrimination en raison de son identité. « En tant que femme transgenre, les choses n’ont pas été faciles pour moi », explique-t-elle. « J’ai subi des insultes et j’ai été maltraitée, tout ça parce que je suis différente. »
De retour à Mamayaque, dans le district du Cenepa de la province de Condorcanqui au Pérou, Gaby réalise son rêve d’enfant en dirigeant son propre salon de coiffure. Elle vise maintenant à atteindre un nouvel objectif : l’égalité en faveur des femmes et de la communauté LGBTQIA+ en Amazonie.
Bien que Gaby bénéficie de l’amour et de l’acceptation de sa famille ainsi que d’un cercle social solide – « J’ai beaucoup d’ami·e·s », déclare-t-elle – la communauté en général n’est pas toujours aussi accueillante envers les personnes transgenres.
Huampami, la capitale du Cenepa, est allée jusqu’à interdire aux personnes LGBTQIA+ d’entrer dans la ville, les menaçant de sanctions, par exemple en les rouant de coups. Après que le chef communautaire a promulgué l’interdiction, la décision a été rendue publique par le conseil du district du Cenepa en 2022.
Gaby a reçu une aide psychosociale auprès du projet Nuwa Senchi de l’UNFPA, grâce auquel elle a participé à des séances collectives destinées à établir de solides réseaux sociaux de soutien. En Awajún, Nuwa Senchi signifie « femme forte ».
Le projet, soutenu par l’USAID, vise à garantir l’accès aux services de santé essentiels ainsi qu’une protection contre la violence basée sur le genre à toutes les femmes et personnes LGBTQIA+ autochtones d’Amazonie. Sur la photo ci-dessus, Gaby apparaît chez elle aux côtés de Dafne Aquino, membre de l’équipe.
Dans la province de Condorcanqui, les inégalités de genre sont susceptibles de limiter l’éducation et les opportunités professionnelles des femmes et des filles, mais aussi de favoriser la violence basée sur le genre, commise en toute impunité.
Convaincue que l’égalité doit concerner l’ensemble des femmes de la région, Gaby est devenue militante au sein de sa communauté pour le compte du projet Nuwa Senchi. « Ici, dans la communauté, les hommes frappent énormément les femmes », témoigne-t-elle. « Les femmes ne devraient pas être maltraitées. Si leur partenaire les maltraite, c’est en connaissant leurs droits qu’elles pourront s’en rendre compte plus facilement. »
Gaby et ses coéquipières de Nuwa Senchi avancent à grands pas pour aider les femmes et les personnes LGBTQIA+ à accéder à la justice et à assurer leur sécurité et leur bien-être. Les équipes comprennent des psychologues, des avocat·e·s, des travailleur·euse·s de proximité ainsi que d’autres professionnel·le·s. Centrée sur les survivantes, leur approche consiste à mener des campagnes de communication, à sensibiliser les autorités étatiques et communautaires, et à renforcer la collaboration entre les institutions.
La portée de Nuwa Senchi est considérable. Depuis septembre 2023, par exemple, le projet a porté le message de sensibilisation à la violence basée sur le genre auprès de plus de 13 000 personnes grâce au programme de proximité et aux formations. En outre, 724 survivantes de violences ont été assistées, et 392 ont participé à des séances d’aide psychosociale.
Membre de l’équipe, Dafne apparaît sur la photo ci-dessus en compagnie d’Isidora, une mère vivant dans la communauté, lors d’une séance de sensibilisation à Mamayaque. Pour en savoir plus sur cette incroyable initiative, cliquez ici.
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