New York, 12 juillet 2023 – Aux Amériques, les femmes et les filles d’ascendance africaine sont plus susceptibles de mourir pendant l’accouchement que les autres femmes, un phénomène souvent imputé à leur incapacité à solliciter des soins en temps opportun, à de mauvais choix de mode de vie ou à des prédispositions héréditaires. Une nouvelle analyse de l’UNFPA, l’organisme des Nations Unies chargé des questions de santé sexuelle et reproductive, réfute catégoriquement ces idées fausses et met en évidence un schéma systémique et historique de violences racistes dans le secteur de la santé aux Amériques.
Des études médicales à l’élaboration des politiques en passant par la prestation des services de santé, les femmes et les filles d’ascendance africaine font systématiquement l’objet de négligences et de mauvais traitements. Les mauvais traitements dont elles sont victimes dans le cadre de la prestation de soins de santé comprennent, entre autres, des violences verbales et physiques, la privation de soins de qualité et le refus de leur administrer des analgésiques. Aussi les femmes et les filles d’ascendance africaine sont-elles particulièrement exposées au risque de complications pendant la grossesse et d’intervention tardive, qui entraînent trop souvent leur mort.
Les principales conclusions de l’analyse :
- Les personnes d’ascendance africaine sont exposées de manière disproportionnée aux mauvais traitements dans les établissements de santé, dont certains résultent de la persistance, dans les programmes de médecine, de croyances non scientifiques et racistes héritées de l’époque de l’esclavage.
- La négligence systémique transparaît également dans la collecte de données : Seuls 11 des 35 pays des Amériques recueillent des données sur la santé maternelle ventilées par race.
- Seul un tiers des 32 plans nationaux de santé analysés ont reconnu les personnes d’ascendance africaine comme une population confrontée à des obstacles en matière d’accès à la santé.
- Seuls quatre pays recueillent des données comparables au niveau mondial sur les décès maternels, ventilées par race.
- Parmi les pays où des données sont disponibles, c’est aux États-Unis qu’on observe les plus fortes disparités de taux de mortalité maternelle : les femmes noires y sont trois fois plus susceptibles de mourir que les femmes blanches.
« Les femmes et les filles noires des Amériques, dont beaucoup descendent de victimes de l’esclavage, continuent de subir le fléau du racisme », a déclaré le Dr Natalia Kanem, la Directrice exécutive de l’UNFPA. « Trop souvent, les femmes et les filles d’ascendance africaine font l’objet de violences et de mauvais traitements, voient leurs besoins négligés et leurs familles brisées par la mort évitable d’un être cher au cours de l’accouchement. Les idéaux de justice et d’égalité ne se concrétiseront que lorsque nos systèmes de santé tiendront compte de ces femmes et leur garantiront des soins respectueux et bienveillants. »
Les disparités les plus marquées sont enregistrées dans le pays le plus riche du monde : Aux États-Unis, les femmes et les filles noires sont trois fois plus susceptibles de mourir pendant l’accouchement ou dans les six semaines suivantes que les femmes qui ne sont pas d’ascendance africaine ou d’origine hispanique. Au Suriname, ce ratio s’établit à 2,5, et à 1,6 au Brésil et en Colombie. Les Amériques comptent environ 209 millions de personnes d’ascendance africaine.
Le rapport constate également qu’un revenu élevé et une meilleure éducation ne leur offrent qu’une protection limitée : Aux États-Unis, les décès maternels parmi les diplômées universitaires afro-américaines sont 1,6 fois plus élevés que parmi les femmes blanches sans diplôme d’études secondaires.
Élaboré avec la participation d’ONU Femmes, de l’Organisation panaméricaine de la santé, de l’UNICEF et du National Birth Equity Collaborative, le rapport de l’UNFPA appelle les gouvernements, les organisations internationales, et les secteurs de l’éducation et de la santé à prendre des mesures pour garantir l’accès à des soins maternels de qualité aux femmes d’ascendance africaine et réduire les taux de mortalité maternelle particulièrement élevés dans cette population.
Outre l’appel adressé aux gouvernements en faveur de la collecte et de l’analyse de données sanitaires fiables ventilées par race et par origine ethnique, le rapport exhorte les écoles de médecine à éliminer les éléments racistes des programmes de formation et enjoint les hôpitaux à mettre en place des politiques visant à mettre fin aux violences physiques et verbales dont sont victimes les femmes et les jeunes filles d’ascendance africaine.
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À propos de l’UNFPA
L’UNFPA est l’organisme des Nations Unies chargé de la santé sexuelle et reproductive. Sa mission est de bâtir un monde dans lequel chaque grossesse est désirée et chaque accouchement est sans danger. Un monde dans lequel chaque jeune réalise pleinement son potentiel. L’UNFPA appelle à la réalisation des droits reproductifs de tous et soutient l’accès à toute une gamme de services de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale volontaire, des soins de santé maternelle de qualité et une éducation complète à la sexualité.