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Pour un avenir meilleur, les adolescentes font recourt à la planification familiale en Sierra Leone
- 10 Juillet 2017
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PUJEHUN/BUEDU, Sierra Leone – Lorsque Aminata Kabba est tombée enceinte à 15 ans l'an dernier, elle n’imaginait pas à quel point sa vie deviendrait difficile. « Avoir un enfant à mon âge a été une erreur », dit-elle.
Devenir mère si tôt a perturbé son éducation et son parcourt. « Je ne travaille pas. J’ai dû abandonner l’école à cause de ma grossesse. Ce n’est pas facile de voir mes camarades aller à l'école pendant que je reste à la maison m’occuper d’un bébé. »
Pourtant, sa situation n’est que trop fréquente dans le pays : la Sierra Leone a l'un des taux de natalité les plus élevés au monde chez les adolescentes, on y compte 125 naissances pour 1 000 filles âgées de 15 à 19 ans.
Aminata a déclaré que sa maternité prématurée avait simplement parue normale dans son village de Sembehun 17, dans le district de Pujehun. Près de la moitié des filles âgées de 15 à 19 ans à Pujehun sont enceintes ou ont été enceintes, selon un sondage de 2013. « Lorsque j’ai vu mes deux meilleures amies tomber enceintes presqu’au même moment, l’idée m’est venu de faire de même », a déclaré Aminata.
Mais en Sierra Leone, les filles dont la grossesse est visible ne sont pas autorisées à aller à l'école, ce qui contribue au faible de taux de scolarisation des filles dans le pays. Selon le rapport de l'état de la population mondiale de 2016, seulement 35 pour cent des filles sierra-léonaises en âge d’aller à l’école secondaire y sont inscrites.
Ces chiffres montrent l’énorme perte en termes d’opportunités pour ces filles, limitant par là leur potentiel et leur avenir. Ce sont aussi leurs communautés et leur pays qui perdent en main d’œuvre, en revenu et en savoir-faire qu'elles auraient pu offrir, si leur plein potentiel avait été accompli.
Mais, Aminata a fait un choix qui pourrait l’aider à remettre sa vie et celle de nombreuses jeunes filles sur la bonne voie : la contraception.
« J’étais très peu informée sur la contraception et les différents types de contraceptifs disponibles », a expliqué Aminata.
Mais quand son bébé est tombé malade, elle s’est rendue au centre de santé le plus proche. Là, elle a appris que Marie Stopes Sierra Leone et l’UNFPA fournissaient des contraceptifs. « J'ai été émue par les présentations qu'ils ont faits sur la planification familiale et les différentes méthodes contraceptives », a-t-elle déclaré.
Après avoir pris conseil auprès d'un agent de santé, Aminata a opté pour un contraceptif intra-utérin, qui peut prévenir la grossesse pendant des années. Si elle parvient à retourner à retrouver le chemin de l'école, le contraceptif l'aidera à atteindre son objectif de devenir infirmière.
« Le personnel m'a encouragé, et ils me parlent régulièrement de retourner à l'école car c'est là que se trouve mon avenir », a-t-elle déclaré.
Memunatu Fofanah, à Buedu, dans le district de Kailahun, a eu une expérience similaire. Elle est également tombée enceinte à 15 ans et a abandonné l'école.
« Le père du bébé m'a abandonné, et ma tante chez qui j’habitais, m'a mise à la porte. J’ai dû rester chez des amis qui vivaient dans le voisinage », a-t-elle déclaré. « Après avoir accouché en 2015, je n'ai reçu aucune aide pour mon bébé ou moi-même et d’aucun membre de la famille. »
Mais elle a reçu un peu d'aide des voisins et a commencé à vendre des pâtisseries pour joindre les deux bouts. Grâce à une détermination de fer et à un travail acharné, Memunatu a pu retourner à l'école.
Elle était quand même inquiète pour son avenir. « Mon souci c’était d’éviter une autre grossesse », explique-t-elle.
Heureusement, « l'opportunité s’est présentée plus tôt que prévu », déclara-t-elle. Elle a appris qu’un groupe de jeunes soutenu par l’UNFPA et le Planned Parenthood Association of Sierra Leone ou PPASL (association de planification familiale de Sierra Leone), aide les adolescentes en difficulté à obtenir des informations en matière de santé sexuelle et reproductive.
Grâce au programme, Memunatu a appris à prévenir les grossesses. Elle a fini par obtenir un implant contraceptif lors d’une campagne de sensibilisation mobile lancée par le PPASL avec le soutien de l’UNFPA.
Entre-temps, elle est également devenue éducatrice, fournissant des informations à d'autres jeunes hommes et femmes sur leur santé et de leurs droits reproductifs.
Depuis 2016, les messages et les services de planification familiale ont atteint plus d’un million de Sierra-léonais selon les derniers chiffres de l’UNFPA.
Mais il reste encore beaucoup à faire. L'accès à la planification familiale volontaire est l'un des moyens les plus efficaces permettant aux filles de terminer leurs études et de trouver un emploi productif, contribuant ainsi à mettre fin au cycle de pauvreté dans les pays en voie de développement comme la Sierra Leone. Pourtant, dans ces mêmes pays, plus de 214 millions de femmes et de filles qui ne veulent pas tomber enceinte n'utilisent pas de moyen de contraception sûr et fiable.
Le 11 Juillet prochain, lors de la journée mondiale de la population, un sommet mondial à Londres invitera les pays à renouveler leurs engagements à élargir l'accès à la contraception moderne à 120 millions de femmes et de filles supplémentaires – un objectif fixé il y a cinq ans.
L'importance de cet objectif n'échappe pas à Aminatu, qui dit vouloir que plus de gens comprennent le lien entre contraceptifs et éducation.
« Mon conseil aux membres de ma famille et à mes amis est que la planification familiale est la seule chose qui nous maintiendra à l'école si nous sommes sexuellement actifs », a-t-elle déclaré.
Traduit de l'anglais par Mikael Bisseck