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Fête des mères : 4 raisons de défendre les mères
- 03 Mai 2023
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NATIONS UNIES, New York – Pour de nombreuses mères du monde entier, le mois de mai est chaque année l’occasion de recevoir des remerciements et des témoignages de gratitude pour tout ce qu’elles font.
Cependant, pour des centaines de milliers de femmes sur la planète, cette gratitude ne suffit pas. Selon des données récemment publiées, une femme meurt toutes les deux minutes de causes liées à sa grossesse ou à son accouchement ; la grande majorité de ces décès est due à des causes évitables telles que des hémorragies ou des infections.
Pire encore, les solutions à ces problèmes existent depuis des dizaines d’années, mais demandent un investissement immédiat dans la planification familiale ainsi qu’une réaction mondiale pour réduire le grand manque de sages-femmes ; selon l’UNFPA, cela permettrait d’empêcher près des deux tiers du total des décès maternels et néonatals.
« Nous disposons des outils, des connaissances et des ressources nécessaires pour mettre fin aux décès maternels évitables ; ce dont nous avons besoin désormais, c’est d’une volonté politique », a déclaré la Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA.
À l’occasion de la Fête des mères, offrons mieux aux mamans du monde entier qu’un collier de nouilles ou un petit-déjeuner au lit. Défendons leurs droits et leur vie. Nous vous expliquons ci-dessous pourquoi elles ont plus que jamais besoin de notre soutien.
Entre 2000 et 2015, la mortalité maternelle mondiale a été réduite de plus d’un tiers. Pourtant, le rythme de sa réduction stagne depuis dans plusieurs régions, et la tendance s’est même inversée dans d’autres.
On a ainsi dénombré 287 000 décès maternels en 2020, un chiffre énorme qui aurait fait la une de la presse s’il avait été la conséquence d’une catastrophe naturelle ou de toute autre crise.
« Il est inacceptable que tant de femmes continuent de mourir inutilement pendant la grossesse et l’accouchement. Il est inadmissible que plus de 280 000 décès soient enregistrés en seulement une année », poursuit la Dr Kanem. « Nous pouvons et devons faire mieux. »
Le plus souvent, on ne laisse pas aux femmes et aux filles le choix de tomber enceintes.
Les statistiques sont alarmantes : quatre femmes en couple sur dix, dans 68 pays, déclarent ne pas être en mesure de faire leurs propres choix en matière de santé, de sexualité ou de contraception. Parallèlement, des données montrent que les grossesses consécutives à un viol sont au moins aussi fréquentes que celles issues de relations sexuelles consenties.
Ces facteurs et bien d’autres sont à l’origine d’une crise mondiale ignorée, dans laquelle près de la moitié des grossesses sont non intentionnelles, avec des conséquences terribles pour la plupart des personnes affectées. Comme nous l’indiquions, les complications liées à la grossesse ou à l’accouchement peuvent être létales, particulièrement pour les adolescentes et les filles très jeunes. On estime qu’en 2021, un demi-million d’enfants ont été mis au monde par des filles âgées de 10 à 14 ans, c’est-à-dire que des centaines de milliers sont devenues mères alors qu’elles étaient encore enfants.
« Le nombre effarant de grossesses non intentionnelles prouve l’incapacité de la communauté internationale à garantir le respect des droits fondamentaux des femmes et des filles », souligne la Dr Kanem.
En novembre 2022, la population mondiale a atteint le seuil historique de 8 milliards d’individus. Si certain·e·s ont accueilli la nouvelle avec une admiration pour les progrès que cela représente en matière de santé et de réduction de la pauvreté, d’autres ont exprimé des craintes, inquiet·e·s que la population soit « trop nombreuse » ou « pas assez nombreuse » selon les cas.
Cette façon d’envisager les choses désigne implicitement le corps des femmes comme une possible solution au problème supposé de l’expansion démographique, une idée très dangereuse. Par le passé, ce type de raisonnement a entraîné des politiques coercitives visant à influencer la fécondité des femmes, qui ont menacé leurs droits et mis de côté leurs souhaits.
Le rapport 2023 de l’UNFPA sur l’état de la population mondiale, intitulé « 8 milliards de personnes », indique que de nombreuses femmes veulent plus ou moins d’enfants que ce qu’elles parviennent à avoir. Ainsi, dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, les femmes rapportent avoir en moyenne deux ou trois enfants de plus qu’elles ne l’avaient souhaité, tandis que la majorité des Japonaises sans enfant déclare pourtant en vouloir. De plus, dans les pays à revenu faible et intermédiaire, une femme sur quatre seulement a le nombre d’enfants qu’elle désire.
Ce que veulent les femmes et les mères en matière de fécondité a de l’importance. Malheureusement, trop souvent, personne ne leur demande leur avis.
La mortalité maternelle évitable, la négation des droits et les changements démographiques peuvent être réglés par une meilleure égalité des genres dans le monde.
Bien entendu, il est plus facile de le dire que de le mettre en œuvre. Le rôle de l’inégalité entre les genres dans bien des problèmes, y compris ceux précédemment cités, doit cependant être reconnu.
L’inégalité entre les genres est ce qui empêche les femmes d’appartenir pleinement au monde du travail et d’être scolarisées, ce qui les rend vulnérables au conflit et à la violence, et ce qui les prive du droit à prendre leurs propres décisions en ce qui concerne leur corps et leur santé. C’est ce qui fait de la grossesse un parcours dangereux, auquel des centaines de milliers de femmes ne survivent pas.
Cette année, à l’occasion de la Fête des mères, soyez réellement sincère dans vos remerciements envers les figures maternelles qui peuplent votre existence, en contribuant à leur sauver la vie. Elles vous remercieront à leur tour en s’épanouissant.