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Cinq actions pour le pouvoir du choix
- 16 Octobre 2018
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NATIONS UNIES, New York – Selon le rapport phare de l’UNFPA , État de la population mondiale 2018, publié aujourd'hui, les choix sont encore limités pour un trop grand nombre de femmes à travers le monde.
La liberté de prendre des décisions qui affectent la santé et le bien-être de chacun est inévitablement liée aux droits reproductifs. La mesure dans laquelle les couples et les individus ont le pouvoir de décider librement d’avoir des enfants ou non, quand et combien, a une incidence directe sur les taux de fécondité, ce qui complique la tâche des gouvernements à fournir des services essentiels - y compris soins de santé et éducation - pour aider les populations à sortir de la pauvreté.
Les droits reproductifs font partie intégrante de la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). Pourtant, aucun pays - indépendamment du niveau de revenu ou du système politique - n'a fait des droits reproductifs une réalité pour tous. Il existe encore des millions de personnes à travers le monde qui ont plus – ou moins – d’enfants qu’elles ne l’auraient souhaité, ce qui implique des répercussions au niveau familiale, communautaire et national.
Les taux de fécondité - qu'ils soient faibles ou élevés - peuvent indiquer diverses carences en matière de droits de l'homme. Les pays à forte fécondité ont souvent une économie instable et font face à une discrimination basée sur le genre qui est enracinée. Le mariage d’enfants, par exemple, conduit souvent aux grossesses précoces. Inversement pour les les pays à faible fécondité, bien qu’ils aient tendance à avoir des niveaux d’éducation et des revenu plus élevés ainsi que des besoins plus satisfaits en matière de planification familiale, ils peuvent avoir du mal à combler les lacunes pour des services abordables de garde d’enfants, ce qui conduit les personnes à avoir moins d’enfants qu’elles ne le souhaiteraient. Cela peut également entraîner des changements démographiques qui nuisent à la prestation des services publics et menacent d'affaiblir les économies.
Quels que soient les obstacles aux droits reproductifs, les gouvernements doivent faire davantage pour que les politiques, les services et les budgets publics soient en ligne avec ces choix. Voici cinq mesures que les états peuvent prendre pour garantir les droits reproductifs pour tous.
Dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994, les pays se sont engagés à faire en sorte que tout un chacun puisse faire des choix éclairés concernant sa propre santé sexuelle et reproductive, un droit considéré comme fondamental. Pourtant, 25 ans plus tard, ce droit n’est pas donné à tous.
Pour commencer à combler ces lacunes, les états doivent prendre en compte les facteurs croisés qui influent sur les droits reproductifs lors de la conception et de la mise en œuvre des politiques. Le Bangladesh, par exemple, a atteint ses objectifs en matière de fécondité en adoptant une approche globale du développement qui met l’accent sur le renforcement des capacités des populations en matière de santé, d’éducation et de revenus. Un point de départ dans n'importe quel pays pourrait être de procéder à des «bilans» de la procréation afin de déterminer si les lois, politiques, budgets, services, campagnes de sensibilisation et autres activités sont alignés sur les droits reproductifs.
Les femmes qui ont un besoin non satisfait en contraception moderne représentent plus de quatre grossesses non désirées sur cinq dans les pays en développement. Mais ces besoins non satisfaits existent pratiquement partout, même dans les pays à faible fécondité. Des programmes de planification familiale mis en place et financés au niveau national peuvent faciliter l’atteinte des ODD.
Les services de santé reproductive ne reçoivent toujours pas l'attention et le financement qu'ils méritent dans de nombreux pays, malgré leur impact sur un éventail d'objectifs des droits de l'homme et de développement, allant de la réduction de la pauvreté à la participation au marché du travail. Ces services doivent être considérés comme faisant partie intégrante des soins de santé primaires. Savoir si les personnes en âge de procréer ont le nombre d’enfants qu’elles désirent devrait être la norme des examens médicaux, ces examens devraient être complétés par des informations et des références pour les personnes non satisfaites de leurs options.
Chaque personne a besoin d’information pour exercer ses droits en matière de procréation et décider si, quand et à quelle fréquence avoir des enfants. Cette information devrait être transmise aux jeunes avant qu'ils ne deviennent sexuellement actifs. Tous les programmes scolaires devraient inclure une éducation complète à la sexualité, adaptée à l’âge, concernant les droits, les relations et la santé sexuelle et reproductive, en mettant l'accent sur l'égalité des sexes.
Les lacunes des droits des femmes sont étroitement liées à celles des droits reproductifs. La discrimination basée sur genre peut empêcher les femmes d'accéder aux services de santé dont elles ont besoin pour faire leurs propres choix en matière de contraception. Lorsque les femmes sont subordonnées aux décisions du ménage ou soumises à la violence basée sur le genre, elles ont en retour peu de contrôle sur leur propre fécondité.
L’égalité des sexes devrait faire partie toutes les politiques nationales. Les budgets sensibles au genre, qui permettent aux politiques de filtrer les ressources publiques en fonction de leur contribution à l’égalité des sexes, peuvent être un outil important pour accélérer le progrès.
Le travail sur les normes sociales est également essentiel. Bien que les femmes du monde entier soient de plus en plus conscientes de leurs droits, les attitudes chez les hommes restent des obstacles majeurs. Partout dans le monde, les femmes assument une part disproportionnée de la garde d’enfants, un travail non rémunéré, ce qui peut décourager certaines à avoir le nombre d’enfants qu’elles le souhaiteraient. Inversement, pour celles qui ont plus d’enfants qu’elles ne le souhaitent, les exigences du travail domestique peuvent devenir un obstacle insurmontable à la recherche d’un emploi rémunéré ou à la participation aux affaires de la communauté.
Partout dans le monde, les choix en matière de fécondité ont le pouvoir d'améliorer le bien-être individuel, de transformer les sociétés et d'accélérer le développement mondial.
« En fin de compte, ce n’est pas le fait d’atteindre ce que nous croyons être le niveau idéal de fécondité qui déterminera notre succès.», a déclaré la Directrice exécutive de l’UNFPA, Natalia Kanem, dans le rapport. « Le réel indicateur de progrès repose sur la population elle-même, et en particulier sur le bien-être des femmes et des filles, sur l’exercice de leurs droits et une égalité totale, ainsi que sur les choix qu’elles ont la possibilité de faire dans leur vie. »